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CPA Scans
10 février 2010

Les actualités du 10 février 1910

Jose_Canalejas

Espagne Un coup de théâtre en Espagne: Chute du ministère Moret

Le ministère Moret a vécu. Appelé par le Roi, M. Canalejas, chef de la fraction avancée du parti libéral, a aussitôt formé un nouveau cabinet composé en majeure partie de démocrates. C'est, comme on le voit, un véritable coup de théâtre qui s'est produit hier à Madrid. Nous dirions aussi que c'est un événement d'une exceptionnelle gravité auquel nous assistons si nous ne savions qu'en Espagne les sautes de vent en politique et les chutes de ministère sont chose fréquente et qu'au demeurant il ne faut pas prendre dans toute la rigueur de leur apparente signification les étiquettes dont se parent, sinon les nombreuses fractions parlementaires, du moins les hommes qui en font partie...

Les causes de la crise ministérielle si soudainement ouverte et résolue ? Elles paraissent assez complexes. On sait que de violents dissentiments avaient éclaté depuis quelque temps au sein du parti libéral : une sourde hostilité s'était manifestée contre M. Moret à qui l'on reprochait de vouloir attribuer le portefeuille de l'intérieur, dont il s'était chargé jusqu'ici à M. Alba, sous-secrétaire d'Etat et collaborateur entièrement dévoué au président du conseil. M. Moret, disait-on, désirait mettre une créature à lui à la tête du ministère de l'intérieur afin d'avoir la haute main sur les prochaines élections. Ajoutez que la fraction modérée du parti accusait M. Moret, à la suite du décret qu'il avait fait signer au Roi favorisant l'essor des écoles libres, de pactiser avec les fractions de gauche ; le parti avancé lui faisait grief, d'autre part, de ne pas appliquer dans son intégralité le programme qu'il s'était engagé à suivre.

En réalité, il cherchait, semblait-il, à inaugurer un gouvernement personnel : les divisions partielles du parti libéral tendaient à s'effacer devant la réalité d'un danger commun. Les trois chefs de file, MM. Montero Rios, Canalejas et le comte Romanonès, menaient l'attaque ensemble, bien que chacun eût l'intention d'en bénéficier pour soi. Peut-être M. Moret eût-il réussi, à la faveur de ce conflit de secrètes ambitions, à sauver son ministère, si le comte Romanonès, leader de la fraction libérale conservatrice, n'avait cassé les vitres en donnant hier sa démission de chef du comité libéral provincial, après s'être vivement plaint de la prépondérance de l'élément républicain toléré par le gouvernement dans la municipalité de Madrid. Les dix membres composant le comité libéral s'étant empressés de suivre son exemple, la situation de M. Moret, privé désormais d'un appoint indispensable, devint intolérable. Il ne lui restait qu'à se retirer : ce qu'il fit aussitôt.

On supposait dès lors que le Roi chargerait le comte Romanonès de former un cabinet, suivant la tradition parlementaire qui veut que le ministère démissionnaire soit remplacé par ceux qui l'ont renversé. Il n'en fut rien. Le souverain fit appel au concours de M. Canalejas, leader du groupe démocrate qui, une heure après, lui soumettait un ministère dont les éléments ont été choisis pour la plupart dans la fraction avancée dont il est le chef.

Bien que nous manquions jusqu'ici de renseignements suffisants pour apprécier l'exacte portée de cette décision royale, il semble qu'elle ait cédé aux nécessités de la situation politique actuelle. Alphonse XIII n'ignorait point que l'on avait répandu dans l'opinion le bruit qu'il n'avait accepté la main-mise du parti libéral sur le gouvernement qu'à son corps défendant et qu'il guettait l'occasion de rendre le pouvoir aux conservateurs. A-t-il voulu démentir cette légende, grâce à quoi les ennemis de la monarchie espéraient sans doute affaiblir son autorité ? C'est probable.

Estime-t-il que pour l'intérêt de la dynastie, l'heure est venue de donner un coup de barre décisif à gauche ? C'est possible. Le roi d'Espagne a donné trop de preuves de précoce sagacité et de haute intelligence pour qu'il n'ait pas pesé toutes les conséquences de son acte qu'il ne nous appartient point de juger. D'aucuns penseront qu'il est parfois dangereux de s'engager trop hâtivement dans la voie des concessions. Mais on reconnaîtra qu'il est des concessions imposées par les événements et qui constituent des actes de courage. Alphonse XIII se place au-dessus des considérations de partis il agit suivant ce qu'il estime être l'intérêt de son peuple ; il montre qu'il n'est le prisonnier d'aucune faction et qu'il entend se libérer de toutes les influences ; ceci, à coup sûr, témoigne d'un certain courage; son peuple lui en saura gré.

Le Gaulois – 10 février 1910


Lancement du Cuirassée "La Vérité"

 Mlle Lipkowska à l'opéra comique

Emeute gare Saint Lazare


Visite_Espana

Le Premier congrès du froid

Mort d'un dandy

L'insurrection en Catalogne

EN BREF

Mort terrible d'une enragée - Nancy, 9 février — Une jeune fille de Xivry-Circourt (Meurthe-et-Moselle), Mlle Marie Hulin, âgée de vingt ans, se trouvant chez ses parents, fut soudain prise d'un accès de fureur. Elle se jeta sur sa sœur et la mordit à la joue et au cou, elle mordit oralement un domestique qui voulait intervenir et la malheureuse dont l'écume sortait de la bouche, pria ses parents de s'éloigner, car elle ne pouvait résister à l'envie de les mordre. On réussit à l'enfermer dans une chambre, où elle expira avant l'arrivée d'un médecin qu'on était allé chercher en toute hâte. Le docteur a constaté que la malheureuse ieune fille avait succombé à un accès de rage. Le Matin – 10 février 1910

Une ascension périlleuse — Tunis, 9 février — Cet après-midi, vers trois heures, L'aéronaute Blanchet et l'amateur tunisien Samana Chicly firent une ascension en ballon libre. Un violent vent d'ouest rendit le départ périlleux. Avant que M. Blanchet n'ait ordonné de lâcher tout, une rafale enleva le ballon et les soldats suspendus à la nacelle. Tous lâchèrent prise, sauf un zouave et un caporal du génie qui se laissèrent tomber de trois mètres de hauteur. Le ballon rasa ensuite les terrains, arracha plusieurs fils téléphoniques et télégraphiques et alla toucher terre à deux cents mètres environ de son point de départ. Puis, rebondissant au-dessus-du lac de Tunis, il remonta à une hauteur de cinq à sept cents mètres, traversa le golfe et disparut dans la direction du Sud-ouest, derrière la presqu'île de Calbou. Les deux aéronautes ont atterrit vers cinq heures à 55 kilomètres de Tunis, sans accident. Le Matin – 10 février 1910

Un aviateur périt carbonisé - Bordeaux, 9 février — Un grave accident d'automobile s est produit ce matin aux environs de Bordeaux. M. H. de Mumm, aviateur, arrivait hier soir dans notre ville, venant de Paris. Il quittait ce matin, vers dix heures, l'hôtel où il était descendu, pour se. rendre à Pau en automobile. Avec lui voyageait un de ses amis, M. Johnsen, âgé de trente-six ans, et un mécanicien. M. de Mumm pilotait une voiture de 120 chevaux qui avait pris part au circuit de Dieppe et marchait à près de 100 kilomètres à l'heure. Quelques kilomètres avant d'arriver à Langon, au lieudit Senzey, M. de Mumm voulut éviter une charrette qui, occupait le milieu de la chaussée et donna un coup de volant si brusque que l'auto alla renverser un arbre sur le bord de la route, pirouetta sur elle-même par suite du choc et se renversa. Le mécanicien, placé en lapin, avait été projeté dans un fossé plein d'eau et se releva sans grand mal. Il s'empressa de porter secours aux deux voyageurs qui étaient pris sous la voiture. Il réussit à retirer M. de Mumm, mais comme il faisait des efforts pour dégager M. Johnsen, le réservoir à essence qui s'était crevé fit explosion. Toute la voiture flamba et M. Johnsen fut complètement carbonisé. On ignore s'il a été tué par l'auto ou s'il a péri dans les flammes. M. de Mumm a été peu gravement blessé. La voiture a été complètement brûlée. M. Johnsen se rendait à Pau pour y faire de l'aviation. Il devait y piloter un aéroplane Antoinette qui lui avait été expédié dans, cette ville depuis quelques jours. Le Matin – 10 février 1910


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Commentaires
T
un peu d'histoire c'est génial!!
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