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4 mars 2010

Les actualités du 4 mars 1910

La Mi-Carême

1909

Mi careme 1910 reine tcheque

Si le soleil, qui avait brillé joyeusement pendant toute la matinée d'hier, s'est brusquement caché à l'instant précis où le cortège de la mi-carême a quitté la place d'Italie, point de concentration des chars, l'après-midi n'a pas été désagréable ; et la traditionnelle cavalcade a pu accomplir son long itinéraire sans encombre, au milieu d'une foule considérable très en gaieté.

Nous devons noter immédiatement que cette année, le cortège était particulièrement réussi ; l'ensemble était ravissant : chars heureusement compris, costumes chatoyants et groupes des plus amusants, souvent spirituels. Et, pour en rehausser l'éclat, une fort gracieuse reine de beauté étrangère, la reine tchèque Mlle Ruzena Brazova, rayonnante et délicieusement jolie dans son costume national. Paris a accueilli cette petite souveraine avec un enthousiasme délirant ; et c'est en souriant et en saluant le plus gentiment du monde qu'elle a répondu aux acclamations de la foule, qui criait : "Nazdar ! Nazdar !" comme si elle n'avait jamais poussé aucun autre cri.

Le cortège était divisé en quatre parties distinctes : après les cavaliers de la garde municipale qui ouvraient la marche, venaient les sociétés de tambours et clairons, trompettes, fanfares, la Méchéria, l'Union des trompettes du douzième, puis les chars de l'actualité de l'année. Nous passons ainsi une revue pittoresque : le char de la Pataudine, c'est-à-dire le citoyen Pataud avec ses grévistes des différentes corporations ; celui du pôle Nord, celui de la Mode, celui des Grands Chapeaux féminins, etc., etc. On applaudit au passage et l'on fait fête ensuite aux reines des comités et syndicats parisiens qui ont pris place dans douze landaus joliment fleuris attelés chacun de quatre chevaux blancs.

Voici maintenant le cortège historique de Paris à travers les âges, le groupe de l'Association amicale des étudiants de France, le Club latin, qui a organisé le cortège du Pays latin au moyen âge, le char du Gibet de Montfaucon, l'Hostellerie de la Poule au pot, le Cabaret de la Pomme de pin, la Tour de Nesle, la Patrie en danger, etc., tous chars très bien composés. Les applaudissements redoublent : parait le landau de Mlle Ruzena Brazova ; la charmante reine tchèque est entourée de ses demoiselles d'honneur, également délicieuses, Mlles Vanneck ; le carrosse est superbement fleuri ; le cocher et le valet de pied ont revêtu la livrée de gala, rouge et or. Ce groupe, qui, on peut le dire, a tous les honneurs de la fête, est précédé des cinquante tambours et clairons de l'Algérienne marchant devant l'harmonie de notre excellent confrère le Journal, sous l'habile direction de M. Coquelet. Et aussitôt après viennent la Société de tambours et clairons la Générale et l'harmonie des Fêtes de Paris.

Pour terminer, voici le char de la reine des reines, entouré par un important groupe de seigneurs et cavaliers d'escorte. Ce char, fort admiré, représente Pégase entraînant la jeunesse à la conquête de l'air, avec une figuration allégorique de tous les progrès réalisés au vingtième siècle. C'est d'une belle envolée artistique. La reine des reines est revêtue d'une toilette de cour qui lui sied à merveille, en soie moirée, corsage et jupe ornés de dentelles parsemées d'or. Traîne garnie de points de Paris mouchetés d'or. Manteau de cour en velours bleu de roi rehaussé d'or avec motifs et écusson de la Ville de Paris ; col et bordure d'hermine.

Plusieurs sociétés musicales et des chars particuliers ferment la marche. Le cortège comprend trente chars, mille musiciens, trois cents cavaliers et quinze cents figurants, parmi lesquels un grand nombre de personnages historiques : Clovis, Charlemagne, saint Louis, Henri IV, Louis XIV, Napoléon 1e, Jeanne d'Arc, Jeanne Hachette, Blanche de Castille, etc. Et encore plusieurs associations d'étudiants égaient le cortège de leurs productions humoristiques, satiriques ou burlesques et apportent ainsi une note spéciale qui fait la joie de la foule.

Des arrêts ont lieu en cours de route, notamment à l'Hôtel de Ville et à l'Elysée, de telle sorte que la tête du cortège ne paraît pas sur les boulevards avant cinq heures et demie. C'est la cohue habituelle, on se presse sur les trottoirs en rangs compacts. Toutes les fenêtres sont depuis longtemps occupées et partout la gaieté est débordante ; les confettis font rage et le dernier cavalier du cortège est déjà loin que la bataille se poursuit toujours, acharnée.

La bataille ne cesse qu'à l'heure du dîner. C'est à regret que chacun quitte les boulevards, mais l'entr'acte est de courte durée. Dès neuf heures, la foule reparaît avec de nouvelles munitions et le petit jeu des confettis reprend avec frénésie. Il se poursuit ainsi bruyamment — et brillamment jusqu'après minuit. On profite largement de la trêve de Madame la Pluie !

Le Gaulois – 4 mars 1910


EN BREF

Le barrage de la rue de Vaugirard - N'essayez pas de passer dans la rue de Vaugirard, à la hauteur de la rue de l'Abbé-Groult ! Outre que vous n'y arriveriez qu'avec les plus extrêmes difficultés, vous y courriez de grands dangers. La circulation est devenue là à peu près impossible. La cause en est vraiment étrange. La maison située au numéro 321 menaçait ruine. Il fallait l'étayer. Rien de mieux. On l'étaya donc, mais on s'y prit de telle sorte qu'aujourd'hui un enchevêtrement de poutres dont la base s'appuie au trottoir qui fait face au mur vacillant obstrue presque complètement la rue. Les omnibus ne peuvent s'engager sous la voûte triangulaire formée par les étais, et les passants évitent prudemment un passage aussi dangereux. Quant aux commerçants du quartier, dont les affaires ont gravement à souffrir d'un tel état de choses, ils ne peuvent que maudire vainement l'architecte désinvolte qui n'hésite pas à barrer de son propre chef une des voies les plus fréquentées de Paris. Le Gaulois – 4 mars 1910

Grand-mere et bebe dans un puits

Une grand mère se jette dans un puits avec sa petite-fille - Saint-Affrique, 3 mars - Un drame épouvantable au cours duquel une grand'mère s'est jetée dans un puits en tenant dans ses bras sa petite-fille, s'est déroulé hier à Belmont, près de Saint-Affrique dans les circonstances suivantes : Mme Gineste, née Escande, qui vivait avec sa fille et son gendre, M Deleuse, à Belmont se présentait hier matin vers six heures dans la la chambre des époux et demandait à emporter sa petite-fille une enfant de deux ans. Je vais l'emmener, ajouta t-elle, et j'aurai plaisir à l'habiller Comme le même fait s'était déjà produit plusieurs fois. M. et Mme Deleuse ne firent aucune objection et Mme Gineste partit avec l'enfant dans ses bras. Quelques instants après, les parents se levèrent et, fort surpris de ne voir ni la grand'mère, ni l'enfant, ils se mirent à leur recherche. Ils parcoururent en vain la maison, puis visitèrent les jardin, de plus en plus inquiets de ne rencontrer personne et de ne pas découvrir les traces des absents. Tout à coup, en passant près d'un puits, M. et Mme Deleuse y jetèrent par hasard un coup d'œil et aperçurent au fond les deux corps qui surnageaient a la surface de l'eau. Le Petit Parisien – 4 mars 1910

 

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