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19 juin 2010

Les actualités du 19 juin 1910

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Effroyable catastrophe ferroviaire à Villepreux-Les-Clayes

Villepreux les clayses catastrophe du 18 juin 1910

Une effroyable catastrophe de chemin de fer, qui rappelle celle de la gare de Saint-Mandé, s'est produite hier soir, à six heures et demie, en gare de Villepreux-les-Clayes, près de Versailles : l'express de Granville 477, partant des Invalides à 5 h. 14 et marchant à la vitesse de quatre-vingts kilomètres, s'est jeté sur la queue du train omnibus 407, garé exceptionnellement à Villepreux-les-Clayes par suite d'une avarie de machine. Il y a eu quinze morts et trente et un blessés, et la plupart des wagons de l'express ont été la proie des flammes. Comment cette catastrophe a-t-elle pu se produire? C'est ce qu'il est encore impossible de dire et ce que la double enquête judiciaire et administrative ne tardera pas à établir.

Le train tamponné devait normalement se garer à Dreux pour laisser passer l'express ; mais comme nous venons de le dire, il dut stopper à Villepreux, afin de permettre au mécanicien de réparer un accident survenu à la boîte du piston de sa locomotive. Cette réparation exigeant un arrêt relativement long, les voyageurs du train omnibus descendirent et se répandirent sur les quais et aux abords de la petite gare. Le train était vide, et c'est à cette circonstance que l'on doit de ne pas avoir à enregistrer un plus grand nombre de victimes.

La voie n'était donc pas libre et les signaux auraient dû couvrir le train à l'arrêt. Ils ne l'ont pas couvert, puisque l'express 477 est arrivé bientôt comme une trombe et est allé se jeter sur les derniers wagons du 467. Un choc formidable s'est produit, en même temps que des cris de douleur et d'effroi s'élevaient de toutes parts. La machine du train tamponneur emmenant à sa suite les fourgons et faisant dérailler les voitures, escalade l'arrière du train tamponné avec une violence vertigineuse dans un bruit sinistre...

Et aussitôt cette scène épouvantable s'éclaira : le wagon-restaurant et sept wagons viennent de prendre feu par suite de la rupture des réservoirs à gaz. Les nombreux spectateurs involontaires de cette catastrophe sont épouvantés. A cet endroit, la ligne décrit une courbe accentuée et personne n'avait vu venir l'express, et le tamponnement s'est pour ainsi dire produit de façon foudroyante. Les voyageurs qui se promenaient sur la voie ont été écrasés et ceux qui se promenaient sur le quai ont été atteints par les éclats du tamponnement.

Après le premier moment d'affolement, on se précipite... Malheureusement, les moyens de secours dans cette modeste gare sont assez restreints. Cependant, on parvient à retirer de nombreux blessés et l'on aide au sauvetage des rescapés ; il est impossible de combattre l'incendie ; les pompiers sont mandés d'urgence de Versailles ; la préfecture de Seine-et-Oise est prévenue en même temps par la direction de la Compagnie de l'Ouest-État. Cependant, les sauveteurs font des prodiges ; ils se multiplient et malgré les dangers, ils peuvent répondre aux appels de détresse des voyageurs du train tamponné et conduire en lieu sûr la plupart d'entre eux ; l'express avait environ deux cents voyageurs.

Lorsque le préfet de Seine-et-Oise et Mme Autrand arrivent accompagnés du secrétaire général de la préfecture, le wagon-restaurant et quatre wagons flambent toujours. On parvient, après avoir surmonté des difficultés inouïes, à retirer une femme et un enfant qui gisent sous les débris en feu du wagon-restaurant ; hélas ! les deux malheureux ont été brûlés vifs et l'on ne peut que placer leurs corps calcinés effroyablement dans une salle de la gare. Des voitures sont arrivées de Versailles qui

transportent les blessés à l'hôpital de cette ville, Bientôt arrivent en voitures automobiles : MM. Beaugé, directeur de la Compagnie ; Moisson, ingénieur en chef du mouvement ; Boell, ingénieur en chef de la traction ; Richard, ingénieur en chef du matériel, et Bauer, ingénieur en chef de la voie ; puis le docteur Faisans, directeur du service de santé ; le docteur Laugier, médecin en chef, et le docteur Froger, médecin en chef adjoint. Le ministre des travaux publics, M. Millerand, était également accouru sur les lieux de la catastrophe, ainsi que M. Fabre de Carel, procureur de la république à Versailles; M. Rosenfeld, juge d'instruction ; M. Monet, ingénieur en chef du département.

Le sauvetage est rendu de plus en plus difficile à cause de l'incendie que les pompiers combattent avec énergie. La recherche des blessés et des morts ne peut se faire que très lentement, maintenant que les rescapés sont à l'abri. Le premier train de secours n'est signalé qu'à huit heures un quart. On a retiré à ce moment quinze morts et trente et un blessés, dont cinq sont ramenés à Paris. Un de ces derniers est transporté à l'hôpital Necker. A Paris, la préfecture de police fait préparer six ambulances et prévient la Morgue et les hôpitaux, dans le cas où un train de secours ramènerait des morts et des blessés. Dans la soirée, M. Millerand et M. Autrand se sont rendus à l'hôpital de Versailles pour visiter les blessés.

Le Gaulois – 19 juin 1910


EN BREF

Victimes_de_l_aviation Chute mortelle d'un aviateur allemand - Les débuts d'une série d'exhibitions d'aviation, entreprise à Stettin, ont été attristés hier par un douloureux accident. En raison du vent très violent qui soufflait, les organisateurs avaient jugé prudent de retarder les épreuves qui devaient commencer à quatre heures. Cependant le public s'impatientant, vers sept heures, l'aviateur Robl, ancien champion cycliste, se décida à s'élever. Il monta immédiatement à une altitude d'une centaine de mètres à laquelle il évoluait quand le biplan descendit brusquement. Au moment où il se trouvait encore à environ 30 mètres du sol, il fit panache et vint se briser à terre, ensevelissant son pilote sous ses débris. Les spectateurs se précipitèrent au secours de l'aviateur Robl, qui respirait encore, mais qui, la colonne, vertébrale brisée, succombait quelques minutes après. L'aviateur allemand Thaddeus Robl était né le 22 octobre 1876 ; si sa carrière aérienne fut courte, il était connu dans le monde entier comme coureur cycliste. Ses débuts dans ce sport remontent, presque à la première période du cyclisme ; c'est en effet vers 1895. que le coureur allemand débuta comme sprinter. Mais l'engouement du public ne tarda pas à se manifester pour lès épreuves de demi-fond, et Robl, dont la qualité était indéniable, abandonna la vitesse pour se consacrer aux courses derrière entraîneurs. Depuis quelques années, celui qui fut l'idole de la foule allemande sur tous les vélodromes d'outre-, Rhin avait presque abandonné le cyclisme. En 1907, il disputa la Coupe de l'Empereur au Taunus, faisant ainsi des débuts dans le sport automobile, alors à son apogée. Puis vint l'aviation qui fatalement devait tenter Robl. Après un apprentissage brillant, il commençait à se faire un nom. La semaine dernière encore, lors du passage de la Coupe du Prince-Henri aux environs de Mulhouse, Robl vola jusqu'à la route et s'en revint à son hangar. C'est en essayant un nouvel appareil duquel il attendait beaucoup, qu'il s'est tué hier. Le Temps – 20 juin 1910

Assassiné pour avoir sauvé sa cousine du billot ! On nous mande de Valence qu'au village de Malissard un fossoyeur, nommé Auguste Jasset, était redouté de tous à cause de ses instincts brutaux et vindicatifs. Un simple regard d'un passant l'exaspérait au point de lui faire proférer des menaces de mort. Il avait voué tout particulièrement une haine féroce à un voisin nommé Cyprien Dutron, qui il y a quatre ans s'était interposé, en qualité de parent, entre lui et sa femme, que dans un accès de fureur il avait traînée contre un billot pour la décapiter. Hier malin, vers cinq heures, Dutron, passant près de Jasset, entendit une observation désobligeante. Que me veux-tu ? demanda-t-il. Je veux te tuer ! riposta Jasset, qui en même temps s'arma d'un fusil dissimulé derrière un arbre et l'étendit raide mort sur le chemin. Tandis qu'on s'empressait autour du cadavre, l'assassin se dirigea vers le bourg de Chabreuil pour se constituer prisonnier, et se livra à la gendarmerie qui venait à sa rencontre. Le Temps – 19 juin 1910


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