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CPA Scans
4 janvier 2011

Les actualités du 4 janvier 1911

Sanglant épisode de guerre civile en Uruguay

Insurgés

Montevideo, 7 décembre 1910 - Le choc s'est produit le 4 novembre dernier. En réalité, le fait, par lui-même, n'a étonné personne. Il était prévu, inévitable, et il suffit aux lecteurs de ce journal de se reporter à quelques-unes de nos correspondances antérieures pour constater que, à huit mois de distance, on pouvait prédire le mouvement qui s'est produit récemment, et qui, sans le patriotisme et l'abnégation de quelques dignes citoyens, eût, pour la centième fois, ensanglanté les cuchillas, comme on appelle les collines ondulées de l'Uruguay.

Déjà, on avait opéré la concentration de tous les détachements de troupes régulières sur deux ou trois unités mobilisables, assez rapprochées de Montevideo car, outre soulèvement en campagne, on redoutait aussi un coup de main parallèle dans la capitale. Seule, la garnison de Nico-Perez, petite localité centrale d'environ 2 000 habitants, n'avait pu rejoindre l'armée et se trouvait isolée, privée de toutes communications. La petite troupe, une soixantaine d'hommes, occupait une caserne nouvellement bâtie. Leur chef pressentait l'approche de l'ennemi, car plusieurs éclaireurs, partis en reconnaissance, n'étaient pas revenus, ce qui indiquait qu'ils avaient été pris parles adversaires. Il réunit à son maigre contingent les hommes valides du bourg un peu plus de 60 fusils. Le reste avait déjà gagné les montes, ou (ce qui est très courant parmi ces frères ennemis) était simplement allé grossir les rangs des révolutionnaires.

Ses conjectures ne le trompaient pas. Vers 4 heures de l'après-midi, 2 000 cavaliers s'abattaient comme une trombe à un kilomètre du bourg, mettaient pied à terre, s'alignaient en tirailleurs. A la vue du nombre des insurgés, le commandant comprit qu'il avait plus d'avantage à se retrancher dans le cimetière, situé à proximité de la caserne. C'est là qu'il se transporta avec sa vaillante poignée de soldats, décidé à faire une résistance désespérée et à vendre chèrement sa vie. On se battit, en effet, avec un courage admirable.

L'ennemi avançait pas à pas, mais très opiniâtrement. Le tir des défenseurs. faisait de nombreuses trouées dans ses rangs, qui s'éclaircissaient à vue d'œil. Mais de nouveaux combattants remplaçaient ceux qui tombaient, et ils se rapprochaient, au mépris des balles. Les pertes des réguliers augmentaient aussi implacablement. Le combat dura jusqu'à la nuit, environ deux heures. A ce moment, l'obscurité ne permettait plus aux adversaires de se distinguer. Craignant qu'il ne se produisît une horrible confusion (il était presque encerclé), le commandant donna l'ordre de se retirer rapidement à la caserne, emportant les blessés. La moitié de son effectif jonchait le sol, autour des humbles croix du cimetière. Les assaillants, de leur côté, avaient cent soixante morts et blessés

On se prépara à la lutte pour le lendemain matin. Mais, la nuit, les forces insurgées firent irruption dans le bourg et occupèrent des cantonnements autour de la caserne. Ce fut alors que quelques personnes de la ville, appartenant aux deux partis, s'interposèrent, dans le but de faire cesser un sacrifie inutile. Les conditions imposées étaient que les défenseurs livreraient toutes les armes en leur pouvoir, auquel cas ils avaient la vie sauve et la liberté de leurs mouvements.

Le commandant passa en revue ce qui lui restait d'hommes valides. Étant donné les cartouches dont ils disposaient, il vit que toute résistance était vaine il pouvait tenir tout au plus vingt minutes. Alors il s'inclina, cédant à l'inexorable. La capitulation, par acte notarié, fut signée de part et d'autre. On remit aux révolutionnaires 142 fusils c'était tout ce qui existait dans la localité en fait d'armement. Les chefs ennemis tinrent à rendre leurs épées aux officiers survivants, et les félicitèrent chaleureusement de leur héroïque défense. Deux heures après, les révolutionnaires quittaient le bourg et reprenaient incontinent leur fantastique chevauchée vers le Nord, dans la direction du Rio Negro. Trois jours plus tard, leur chiffre s'élevait à neuf mille.

La Croix – 4 janvier 1911

EN BREF

Décapité par un train - Une fois de plus un accident mortel s'est produit, à Argenteuil, au pont de la route d'Enghien, que les employés de chemin de fer désignent d'ordinaire sous le nom significatif de ''pont de la Mort''. A 7 heures, hier, un terrassier de la voie, débauché samedi, M. Marie-Eugène Corté, se trouvait sous le pont de la Mort, causant avec quelques-uns de ses camarades. Il se gara d'une rame de wagons en manœuvre, mais ne prit pas garde que le train circulaire Nord 712 venait en sens inverse. Atteint par la traverse de la locomotive, Corté fut projeté à quinze mètres en avant, sur la voie; les roues de la machine lui broyèrent la tête. Le pauvre homme était marié et avait quatre jeunes enfants. La Croix – 4 janvier 1911

Tramway contre voiture - Rue Denis-Papin, à Blois, un tramway électrique a culbuté une lourde voiture dans la devanture d'une horlogerie. Une jeune mère de famille, Mme Wagner, 26 ans, a eu la poitrine affreusement écrasée par un des brancards de la voiture culbutée. La malheureuse a été transportée agonisante chez elle, faubourg de Vienne. Une foule de 500 personnes a manifesté contre la trop vive allure des tramways électriques. Un prêtre qui passait au moment de l'accident a pu donner l'absolution à la mourante. La Croix – 4 janvier 1911

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